Direction musicale : Florence Colnat
Mise en espace : Léa Pasquel
Préparation musicale : Christophe Larrieu, Caroline Kempf
Tanina Laoues - Soprano
Emma de La Selle - Soprano
Anaïs Rabary - Soprano
Elsa Angervo - Mezzo soprano
Mathis Paris - Ténor
Gaspard Lys - Baryton
Marius Vidal - Basse
Caroline Kempf - Flûte
Que le vent soit suave
et les vagues soient tranquilles,
et que chaque élément
réponde bénignement
à notre vœux.
FIORDILIGI et DORABELLA
Ah, comme mon destin s'est trouvé changé en un instant ! La vie est pour moi maintenant une mer pleine de tourment ! Tant que mon bien aimé était à mes côtés, je ne connaissais pas les peines et les souffrances.
(Ferrando, Guglielmo, Don Alfonso et les mêmes ; ensuite Despina.)
FERRANDO et GUGLIELMO (de l’extérieur).
Mourons, oui, mourons pour apaiser ces ingrates.
DON ALFONSO (de l'extérieur également).
Il y a encore un espoir ; ne faites pas cela, grand Dieu, ne faites pas cela !
FIORDILIGI et DORABELLA
Ciel, quels cris épouvantables !
FERRANDO et GUGLIELMO
Laissez-moi !
DON ALFONSO Attendez !
(Ferrando et Guglielmo, tenant chacun une fiole, entrent suivis par Don Alfonso)
FERRANDO et GUGLIELMO
Que l'arsenic me libère de tant de cruauté ! (Ils boivent et jettent les fioles. En se tournant, ils voient les deux femmes.)
FIORDILIGI et DORABELLA
Ciel, était-ce du poison ?
DON ALFONSO
Bel et bien du poison qui va rapidement leur ôter la vie !
FIORDILIGI et DORABELLA
Ce spectacle tragique me glace le coeur.
FERRANDO et GUGLIELMO
Cruelles, approchez-vous : voyez le triste effet d'un amour désespéré et ayez au moins pitié.
TOUS.
Ah, les rayons du soleil disparaissent dans les ténèbres !
Tout mon corps tremble et mon âme semble s'évanouir.
Mes lèvres sont incapables de prononcer le moindre mot !
(Ferrando et Guglielmo tombent sur les bancs d'herbe,)
DON ALFONSO
Puisque ces jeunes malheureux sont près de mourir, témoignez-leur au moins un peu de pitié.
FIORDILIGI et DORABELLA
Vite, quelqu'un ! Mon Dieu, personne ne nous entend ! Despina !
DESPINA (de l’extérieur). Qui m'appelle ?
FIORDILIGI et DORABELLA
Despina !
DESPINA (entrant).
Que vois-je ! Je crois que les malheureux sont morts ou tout au moins, sur le point d'expirer !
DON ALFONSO
Ah, ce n'est que trop vrai ! Furieux, désespérés, ils se sont empoisonnés ! Oh, quel amour incroyable !
DESPINA
Ce serait honteux d’abandonner ces malheureux, il faut les secourir.
FIORDILIGI et DORABELLA
Que pouvons-nous bien faire ?
DESPINA
Ils donnent encore signe de vie ; soutenez-les de vos mains secourables. (A Don Alfonso) Et vous, venez vite avec moi : partons à la recherche d'un médecin, d'un antidote. (Despina et Don Alfonso partent.)
FIORDILIGI et DORABELLA
Mon Dieu, quelle épreuve ! On ne pouvait se trouver dans une situation plus épouvantable !
FERRANDO et GUGLIELMO (à part).
On ne pouvait imaginer plus belle comédie !
FIORDILIGI et DORABELLA (se trouvant éloignées des amants).
Les malheureux soupirent !
FIORDILIGI
Que faire ?
DORABELLA
Qu’en penses-tu ?
FIORDILIGI
Qui pourrait les abandonner dans un moment si difficile ?
DORABELLA (s'approchant un peu).
Quels visages intéressants !
FIORDILIGI (de même).
Nous pouvons nous avancer un peu.
DORABELLA
II a le front glacé.
FIORDILIGI
Celui-ci également.
DORABELLA
Et le pouls ?
FIORDILIGI
Je ne le trouve pas.
DORABELLA
Celui-ci bat très lentement.
FIORDILIGI et DORABELLA
Ah, si le secours tarde à venir, il n'y aura plus d'espoir de les sauver !
FERRANDO et GUGLIELMO (à mi-voix).
Elles sont devenues plus humaines et bien plus accessibles : voyons si leur pitié va se transformer en amour.
FIORDILIGI et DORABELLA
Pauvres garçons ! Leur mort me ferait pleurer. Les mêmes, Despina (déguisée en médecin), Don Alfonso
DON ALFONSO
Voici le médecin, mesdames !
FERRANDO et GUGLIELMO (entre eux).
Despina déguisée ! Quelle triste vue !
DESPINA
« Salvete, amabiles bones puelles ! »
FIORDILIGI et DORABELLA
Il parle une langue que nous ne connaissons pas.
DESPINA
Je peux parler comme vous le souhaitez. Je parle grec et arabe, je connais le turc et le vandale, je parle aussi le souabe et le tartare.
DON ALFONSO
Gardez pour vous toutes ces langues, examinez plutôt ces malheureux : ils ont pris du poison, que peut-on faire ?
FIORDILIGI et DORABELLA
Monsieur le docteur, que peut-on faire ?
DESPINA (tâtant le pouls et le front à l'un et à l'autre).
Je dois d’abord savoir la raison puis la nature de la potion : l'ont-ils bue chaude ou froide, en petite ou grande quantité, en une seule fois ou en plusieurs.
FIORDILIGI, DORABELLA et DON ALFONSO
Ils ont pris de l'arsenic, monsieur le docteur, ils l'ont bu là dedans, ils l’ont fait par amour et ont avalé le poison d'un seul trait.
DESPINA
Ne vous affolez pas, ne vous inquiétez pas ; voici la preuve de mon talent. FIORDILIGI et
DORABELLA
II tient dans la main un objet en fer.
DESPINA
Voici le célèbre aimant appelé pierre mesmérique, originaire d’Allemagne et qui fut ensuite extrêmement célèbre en France. (Elle touche avec un morceau d'aimant la tête des faux malades, frôle doucement leur corps dans le sens de la longueur.)
FIORDILIGI, DORABELLA et DON ALFONSO
Comme ils bougent, se tordent, s’agitent ! Ils vont se fracasser le crâne !
DESPINA
Ah, tenez-leur fermement le front.
FIORDILIGI et DORABELLA
Nous sommes prêtes !
DESPINA
Tenez-les bien. Courage ! A présent vous êtes libérés de la mort.
FIORDILIGI, DORABELLA et DON ALFONSO
Ils regardent autour d’eux, ils reprennent des forces. Ah, ce médecin vaut de l’or !
FERRANDO et GUGLIELMO (se mettant debout).
Où suis-je ? Quel est ce lieu ? Qui est cet homme ? Qui sont ces gens ? Suis-je devant le trône de Jupiter ? Es-tu Pallas ou Vénus ?
FERRANDO (à Fiordiligi) GUGLIELMO (à Dorabella).
Non, tu es la déesse de mon âme ! Je te reconnais à ton doux visage et à la main qu'à présent je connais bien et qui est mon seul trésor. (Ils étreignent tendrement les amantes et leur baisent la main.)
DESPINA et DON ALFONSO
N’ayez crainte, ce sont encore les effets du poison.
FIORDILIGI et DORABELLA
Sans doute, mais toutes ces simagrées portent atteinte à notre honneur.
FERRANDO (à Fiordiligi) GUGLIELMO (à Dorabella).
Par pitié, mon bel amour ! Tourne vers moi ton beau regard !
FIORDILIGI et DORABELLA
Je n’arrive plus à résister !
DESPINA et DON ALFONSO
Vous verrez que dans quelques heures, grâce aux bienfaits du magnétisme, le paroxysme s’achèvera et ils reviendront à leur état normal.
FERRANDO et GUGLIELMO (à part).
J’ai tellement envie de rire que mes poumons pourraient éclater ! (à Fiordiligi et Dorabella) Donne-moi un baiser, mon trésor, un seul baiser ou je meurs à tes pieds.
FIORDILIGI et DORABELLA
Ciel, un baiser ?
DESPINA et DON ALFONSO
Faites-le, par charité.
FIORDILIGI et DORABELLA
Ah, on demande trop à une âme honnête et fidèle ! Ma foi est outragée tout comme est outragé mon coeur !
DESPINA, FERRANDO, GUGLIELMO et DON ALFONSO.
On n’a jamais assisté à une scène aussi drôle! Ce qui me fait le plus rire, c'est cette colère et cette fureur !
FIORDILIGI et DORABELLA
Désespérés, empoisonnés, allez au diable autant que vous êtes ; il sera trop tard pour vous repentir si vous continuez à exacerber ma colère.
FERRANDO et GUGLIELMO
Je ne sais pas si ce sont de vraies ou fausses colères mais je ne voudrais pas qu'autant de feu ne se transforme en amour.
DESPINA et DON ALFONSO
Je sais bien que cette fureur se changera bientôt en amour.
Petit jardin avec palmiers. Il fait demi jour. Le jour vient peu à peu.
LES TROIS ENFANTS
L'aurore bientôt va paraître
Sur la route d'or du soleil.
Le Sage, vainqueur des ténèbres,
De l'erreur va triompher.
Sublime paix, répands ton charme,
Répands ton charme au cœur de l'homme,
Et fais que la Divinité
Descende sur l'Humanité.
(Ils se retirent côté cour, au fond. Pamina, entre précipitamment côté jardin.)
PREMIER ENFANT
Voyez de Pamina les larmes !
DEUX DES TROIS ENFANTS
Approchons-nous.
PREMIER ENFANT
L'infortunée ! ...
LES TROIS ENFANTS
Pleure celui qui la dédaigne.
Essayons d'adoucir sa peine.
Son triste sort nous fait pitié.
O, quand reviendra son fiancé!
Elle vient, éloignons-nous un peu.
Observons-la, surveillons-la.
PAMINA, s'adressant à son poignard
O fer ! c'est toi mon fiancé !
Par toi, mon destin s'accomplit.
LES TROIS ENFANTS, à l'écart
Que dit-elle, ô désespoir !
L'infortunée est hors de sens !
PAMINA
Attends, ami, je suis à toi !
Bientôt, bientôt, tu seras mon fidèle époux.
LES TROIS ENFANTS se rapprochant
Elle veut, dans sa folie,
Finir brusquement sa vie.
Jeune fille, écoute-nous !
PAMINA
Non, je meure ! Je ne puis
Le poursuivre de ma haine,
L'infidèle qui me délaisse...
Mère, voilà ton présent !
LES TROIS ENFANTS
Non ! le ciel te le défend !
PAMINA
Plutôt finir mes tortures
Que subir l'amour d'un traître !
Mère, mère ! Par toi je succombe
Et ta haine me poursuit !
LES TROIS ENFANTS
Veux-tu suivre nos pas ?
PAMINA
Quel abîme de douleur ! ...
Traître, fourbe, adieu !
Vois, Pamina meurt par toi !
O poignard! délivre-moi ! (Elle veut se frapper.)
Les trois enfants se précipitant vers Pamina lui arrachent son poignard
Ah ! infortunée, attends !
S'il pouvait voir ta détresse,
Ton amant mourrait de peine!
A toi seule est son amour.
PAMINA (revenant à elle)
Quoi ! il m'aimerait encore ?
Mais pourquoi tout ce mystère ?
Son regard, si loin de moi ?
Quel mystère, son silence ? ...
LES TROIS ENFANTS
Notre loi est de nous taire,
Nous ignorons ce mystère,
Mais bientôt tu comprendras
Que son cœur qui bat pour toi
Lui a fait braver la mort.
Viens vers lui, viens avec nous !
PAMINA
Guidez-moi, je veux le voir !
ENSEMBLE
Deux cœurs brûlant de même flamme
Sont une force surhumaine.
Protégés même par les Dieux,
L'ennemi ne peut rien contre eux.
(Ils sortent tous ensemble.)
Susanna
Sur l’air
Contessa
Quel doux petit zéphyre
Susanna
Petit zéphyre…
Contessa
Soufflera ce soir…
Susanna
Soufflera ce soir…
Contessa
Sous les pins du bosquet
Susanna
Sous les pins ?
Contessa
Sous les pins du bosquet
Susanna
Sous les pins… du bosquet
Contessa
Il comprendra le reste
Susanna
Il le comprendra, c’est certain
Contessa
Chanson sur l’air, etc…
Le moment arrive enfin
Où, sans réserve, je peux me réjouir
Dans les bras de mon amant : scrupules timides,
Hors de mon coeur,
Et ne viennent pas troubler mon plaisir.
Oh, comme l’esprit de ce lieu,
La terre et le ciel, semblent
Faire écho au feu de l’amour !
Comme la nuit me rend plus furtif !
Venez, ne tardez pas, ô félicité,
Viens où l’amour t’appelle à la joie,
Alors que la torche de la nuit ne brille pas dans le ciel,
Alors que l’air est encore sombre et le monde tranquille.
Ici murmure le ruisseau, ici souffle la brise,
Qui rafraîchit le coeur avec ses doux murmures.
Ici les fleurs sourient et l’herbe est fraîche ;
Ici tout invite aux plaisirs de l’amour.
Viens, ma chérie, et au milieu de ces arbres abrités
Je couronnerai de roses ton front.
COMTE
Holà ! Mes gens ! Aux armes, aux armes !
FIGARO (avec une feinte terreur)
Mon maître !
COMTE
Holà ! mes gens ! À l'aide ! À l'aide !
(Bartolo, Curzio, Basilio et Antonio entrent.)
FIGARO
Je suis perdu !
BASILIO, CURZIO, ANTONIO, BARTOLO
Que se passe-t-il ? Que se passe-t-il ?
COMTE
Ce scélérat
m'a trahi, m'a déshonoré,
vous allez voir avec qui !
BASILIO, CURZIO, ANTONIO, BARTOLO
Je suis stupéfait, abasourdi,
je ne puis croire une telle chose !
FIGARO
Ils sont stupéfaits, abasourdis,
ah, quelle scène, quel plaisir !
(Le Comte ressort du pavillon du gauche ; ils sortent
à la queue leu Cherubino, Barbarina, Marcellina et Susanna.)
COMTE
Vous résistez en vain,
sortez, Madame !
Votre honnêteté
va être récompensée !
...Le page !
ANTONIO
Ma fille !
FIGARO
Ma mère !
BASILIO, CURZIO, ANTONIO, BARTOLO
Madame !
COMTE
Le complot est découvert,
voici la traîtresse !
SUSANNA (s'agenouillant)
Pardon, pardon !
COMTE
Non, ne l'espérez pas !
FIGARO (s'agenouillant)
Pardon, pardon !
COMTE
Non, je refuse de l'accorder !
TOUS SAUF QUE LE COMTE
(s'agenouillant)
Pardon !
COMTE
Non !
(La Comtesse sort du pavillon de droite.)
COMTESSE
Moi, du moins, je l'obtiendrai pour eux !
BASILIO, CURZIO, COMTE, ANTONIO, BARTOLO
Ô ciel ! Que vois-je ?
Je délire ! J'extravague !
Je ne sais plus que croire !
COMTE (s'agenouillant)
Comtesse, pardon, pardon !
COMTESSE
Je vous obéis
et je consens !
TOUS
Ah, nous serons enfin
tous heureux ainsi !
Ce jour de souffrances,
de caprices et de folie,
l'amour seul pouvait le faire fini
dans la satisfaction et la joie !
Époux, amis, allons danser et nous amuser !
Mettons le feu aux poudres
et au son d'une joyeuse marche
courons tous célébrer l'amour ! etc.